La Dépression

La dépression est un trouble psychiatrique très répondu dans le monde. Elle correspond à une souffrance psychologique qui se traduit par la prédominance d’émotions négatives tels que la tristesse, le dégout et/ou la colère. Cet état d’humeur négatif retentit considérablement sur les personnes souffrant de dépression, ces dernières deviennent peu entreprenantes, peu confiantes, toujours fatiguées et ont tendance à se renfermer sur elles-mêmes et à s’isoler.

Ce trouble concerne environ 15% de la population générale dans le monde, soit environ 340 millions d’individus de pars le monde. En Tunisie, le Ministère de santé publique estime que plus de 8,2% de la population tunisienne souffre de dépression.

Les statistiques montrent que les femmes développent deux fois plus de dépressions que les hommes et que leur trouble débute à un âge plus jeune que celui des hommes. Ces différences statistiques s’expliqueraient par deux facteurs essentiels : un facteur biologique correspondant aux particularités hormonales de la femme (cycles menstruels et grossesses) et un facteur psychologique correspondant à la capacité des femmes à exprimer leur vécu et leurs émotions de manière plus compétente que les hommes. Cette dernière particularité fait que les femmes aient recours plus facilement aux professionnels de la santé mentale alors que les hommes trainent beaucoup plus longtemps leur souffrance psychologique ce qui expliquerait leur tendance à fumer plus à faire plus fréquemment recours à l’alcool et également à être plus fréquemment l’objet d’accidents cardio-vasculaires ou de maladie métabolique.

La dépression peut survenir à tout âge depuis la naissance jusqu’à la mort, même si classiquement elle est considérée comme une maladie de l’adulte mur. Ces deux dernières décennies, nous assistons à une augmentation évidente de la prévalence de la dépression chez les jeunes et chez les adolescents. Par ailleurs, les personnes âgées des deux sexes peuvent également développer une dépression qui est dans ce cas marquée par les altérations cognitives (attention, mémoire et jugement) et l’évolution souvent traînante.

L’évolution de la dépression est le plus souvent favorable. Elle guérit, pourvu que l’intervention soit précoce et efficace. Ce qui suppose un recours aux soins dans les premières semaines du début du trouble et une rigueur dans le suivi et la prise des médicaments. Dans certains cas, l’évolution est compliquée quant elle entraîne une inhibition importante (complications de l’alitement prolongé), quant elle associe un potentiel suicidaire élevé (risque de suicide) ou encore quant elle évolue vers la chronicité (retentissement marqué sur la qualité de vie).

Le début de ce trouble est généralement progressif, il peut se manifester par une anxiété, une indifférence, une fatigue, une perte de l’appétit ou une insomnie.


Quels sont les symptômes de la dépression ?

Nous parlons de dépression si les manifestations suivantes sont présentes tous les jours pendant au moins deux semaines :


Une humeur dépressive

L’humeur globale du déprimé est marquée par un sentiment quasi-constant de tristesse, d’une réduction évidente des sentiments de plaisir, d’un certain dégoût de tout mais également de sentiments d’incapacité, d’impuissance ou même de culpabilité. Le déprimé se désintéresse de tout (travail, loisir et même de son entourage proche), se montre pessimiste et développe progressivement un désespoir de son présent et de son futur. En résumé, le déprimé a une vision négative de lui-même, du monde et de l’avenir.

Un ralentissement psychomoteur

La personne déprimée est constamment fatiguée : pour elle se laver, s’habiller ou même quitter son lit nécessite un effort considérable, elle parle peu, sa voix est basse et ses réponses sont courtes.

Pour le sujet déprimé tout effort de concentration ou d’attention ne peut être soutenu, ses souvenirs sont difficiles à mobiliser et ses oublis deviennent fréquents.

Un tel état explique l’indétermination, l’absence d’initiatives et la perte d’intérêt observées chez les malades déprimés.

Des troubles somatiques

Le sujet déprimé n’a plus envie de manger, il ne ressent plus la faim et il peut perdre beaucoup de poids. Le sommeil du déprimé est perturbé : soit il n’arrive plus à s’endormir, soit il se réveille au milieu de la nuit ou il se réveille très tôt le matin. La sexualité du déprimé est perturbée : son désir sexuel est diminué, ses performances sont amoindries et son plaisir sexuel est
souvent atténué.

La personne déprimée peut avoir des douleurs musculaires ou articulaires sous forme de maux de tête, de douleurs de la nuque ou de maux d’estomac; Elle peut se sentir nauséeuse ou constipée et avoir également des palpitations, des sueurs, des bouffées de chaleur ou encore un vertige dont les explorations ne révèlent pas de causes organiques. 

Des symptômes associés 

Les idées suicidaires s’associent souvent à la dépression et elles sont généralement passagères particulièrement quand la prise en charge est précoce. Quand le tableau dépressif est sévère, le sujet déprimé a non seulement des idées mais la conviction que seule la mort peut être une délivrance, une échappatoire pour lui-même et pour les autres qu’il fait souffrir ; Il développe alors un projet suicidaire. Cette situation constitue alors une urgence et nécessite une intervention rapide.

Avec la tristesse, le déprimé peut ressentir de l’anxiété associée qui se traduit par un sentiment de danger imminent, des réactions de sursauts, de déambulations incessantes et d’intolérance au moindre bruit.

Comment traiter la dépression ?

Il faut savoir qu’il existe essentiellement trois types de traitement pour la dépression:
Les antidépresseurs (médicaments), l’éléctro-convulsivo-thérapie et la psychothérapie.

Le traitement de première intention repose sur les antidépresseurs, le médecin tient compte dans sa prescription de l’âge du patient, de ses antécédents, du degré de gravité du tableau clinique et de l’urgence de traitement. Le sujet déprimé peut alors être hospitalisé dans un service de psychiatrie comme il peut gérer sa prise des médicaments chez lui en fonction
des cas.

La majorité des antidépresseurs sont des comprimés à prendre une fois par jour (plus rarement en 2 ou 3 prises), ils permettent un début d’amélioration après 15 à 20 jours et une rémission totale en moins de trois mois. Cependant, ces médicaments seront encore prescrits pendant 6 mois à un an après rémission afin d’éviter les rechutes et les récidives de la maladie. Dans ce dernier cas de figure où la dépression devient récurrente, l’antidépresseur devrait être maintenu pendant une période minimale de trois à cinq ans.

Avec les antidépresseurs la majorité des médecins prescrivent des anxiolytiques qui agissent sur l’anxiété et l’insomnie pendant les premières semaines du traitement.

Le médecin peut également prescrire dans certains cas d’autres médicaments appelés antipsychotiques, qui possèdent des effets anti-délirant, sédatif et régulateur de l’humeur.

Dans les formes graves de dépression (altération marquée de l’état général, potentiel suicidaire élevé, agitation anxieuse) la cure d’éléctro-convulsivo-thérapie devient le meilleur traitement à prescrire. Cette méthode, présentée souvent comme un moyen coercitif contre les patients, est une technique thérapeutique scientifique, bien testée et très efficace. Elle se déroule en salle de réanimation, sous anesthésie générale et vise à induire chez le patient une brève crise convulsive médicalement contrôlée. L’induction régulière de ces crises à un rythme de trois séances par semaine permet très souvent une amélioration puis une rémission rapide de l’état dépressif. Cette méthode permet ainsi de sauver les patients ayant des dépressions graves réputées pour leurs conséquences délétères et leur résistance aux antidépresseurs.

Avec les médicaments une psychothérapie peut être proposée au patient déprimé ; il peut s’agir d’une psychothérapie :

De soutien: basée sur l’écoute et la dédramatisation dont le but est de mieux faire comprendre au patient son trouble et son évolution.

Psychanalytique: basée sur l’écoute et l’analyse, dont le but est de mieux comprendre au patient les origines de son trouble.

Thérapie Cognitive et Comportementale : basée sur des exercices comportementaux et de remises en question du fonctionnement de la pensée, dont le but est de faire apprendre au patient comment gérer son trouble.

De nos jours, le meilleur traitement de la dépression serait l’association des antidépresseurs à la thérapie Comportementale et Cognitive.

DR. Badii Amamou