La pédopsychiatrie

C’est une discipline médicale consacrée aux enfants, depuis la naissance jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte. Elle entretient des liens étroits avec la psychologie du développement  et la psychiatrie.
Le champ d’action de la pédopsychiatrie est vaste, allant des relations entre les parents durant la grossesse et avec l’enfant au cours de ses premiers mois de vie (La pédopsychiatrie périnatale), les relations précoces mère-enfant difficiles jusqu’aux pathologies de l’adolescence.

Qu’est-ce qu’un pédopsychiatre ?

C’est le médecin qui s’occupe de la souffrance psychique de l’enfant – du bébé à l’adolescent –, laquelle est différente de celle des adultes. Il ne peut intervenir sans inclure les parents de l’enfant. Son rôle peut aller du choix d’une orientation scolaire à la thérapie familiale.

Pour quels types de symptômes les parents sont-ils amenés à consulter ?

Retard de développement, difficultés familiales, troubles du comportement, problèmes scolaires… Les motifs de consultation qui peuvent mener un enfant et ses parents à consulter un pédopsychiatre sont nombreux et variés.
On peut les classer selon la tranche d’âge : nourrisson, enfant, adolescent, puisque selon le degré d’évolution de l’enfant, un même symptôme peut avoir différentes significations.
Elles vont des problèmes temporaires et/ou d’intensité modérées (troubles de l’alimentation, du sommeil, énurésie, encoprésie, angoisses, tristesse), à des tableaux très sérieux : troubles du spectre autistique, troubles psychiques graves, telle l’inhibition, l’agitation, l’opposition, les troubles graves du comportement, en particulier à l’école. Impossible de lister tous les motifs de consultation tant ils peuvent être nombreux et variés. Dès lors qu’un malaise ou une difficulté est ressentie par l’enfant et/ou ses parents, tout peut être motif à consulter.
Pour autant, il est possible de dresser, en fonction des différents âges de l’enfance, les motifs de consultation les plus fréquents :

  • Avant l’âge de 3 ans

Cela concerne essentiellement les retards de développement (acquisition de la marche, du langage, les suspicions des troubles du spectre autistiques qui constituent un motif fréquent de consultation et définis par une altération des compétences sociales : un enfant qui présente un retrait, un retard du langage, des intérêts restreint et répétitifs « stéréotypies », ne joue pas, ne regarde pas dans les yeux, …), les troubles du sommeil, les troubles alimentaires

  • Après 3 ans et avec l’entrée au jardin d’enfants

il s’agit plutôt d’enfants qui ont du mal à se séparer de leurs parents (anxiété de séparation), qui n’arrivent pas à se concentrer ou qui ont des problèmes de socialisation (ils mordent ou tapent les autres enfants par exemple) ou bien qui ont difficultés à respecter les limites et les normes éducatives

  • L’entrée à l’école

A l’âge scolaire  se révèlent notamment les problèmes d’ordre scolaire : difficultés scolaires, les troubles spécifiques des apprentissages présents chez 5 à 15% des enfants en âge scolaire, répartis en : Trouble spécifique du langage oral (dysphasie), Trouble spécifique de la lecture (dyslexie): le plus fréquent, Trouble spécifique de l’écriture (dysgraphie, dysorthographie), Troubles des habiletés motrices (dyspraxies), Trouble spécifique de l’arithmétique (dyscalculie).
On observe également, Le trouble déficit de l’attention/hyperactivité TDAH, qui est un trouble fréquent, touche 3 à 5% des enfants d’âge scolaires (soit un à deux élèves dans une classe de 30), caractérisé par une hyperactivité, une impulsivité et des difficultés attentionnelles, à l’origine de difficultés scolaires, des difficultés relationnelles avec l’entourage, et un retentissement sur l’enfant lui même (un manque de confiance en ses capacités, une faible estime de soi, Il se perçoit de plus en plus comme mauvais, se décourage, se révolte, s’épuise, .…).
Durant cette période, émergent aussi des problèmes d’immaturité avec notamment des enfants qui n’arrivent pas à faire leurs devoirs seuls ou ont du mal à s’adapter, des troubles anxieux (refus ou phobie scolaire, le mutisme définie par un refus de parler aux personnes étrangères (camarades/ instituteurs), le trouble obsessionnel compulsif caractérisé par des idées obsédantes, des rituels et des comportements répétitifs…) et des troubles sphinctériens (énurésie, encoprésie)…
Par ailleurs, Il ne faut pas négliger les situations où les enfants souffrent
d’harcèlements et de moqueries des autres.
On peut voir également chez l’enfant des troubles de l’humeur notamment la dépression: Elle est estimée entre 0,5 et 3 % de la population générale de 6 à 12 ans, caractérisée par un changement progressif avec une rupture avec l’état antérieur de l’enfant ; et des troubles réactionnels secondaires à des facteurs de stress physiques ou psychologiques, maltraitance, qui souvent s’exprimer sous forme de plaintes somatiques et physiques tels que les douleurs abdominales, les nausées et vomissements, les céphalées…

  • les problèmes liés à l’adolescence 

L’adolescence est une période de forts bouleversements du corps, mais aussi du fonctionnement psychologique et de nombreux troubles peuvent se manifester à cet âge comme des troubles des conduites alimentaires comme l’anorexie mentale  (caractérisée par une baisse de l’appétit, un Amaigrissement, une Aménorrhée, avec une perturbation de l’image du corps) ; ou la boulimie ou Comportements alimentaires instables et perturbés ( Fringale, hyperphagie, grignotage, réduction alimentaire, Perte/prise de poids « yoyo pondéral », des conduites et préoccupations excessives autour de la nourriture…). Les Troubles du sommeil sont fréquemment observés durant cette période (Insomnies, Hypersomnies, Parasomnies : Somnambulisme, terreurs nocturnes, Énurésie…).
Il peut s’agir également de troubles oppositionnels ou l’apparition de conduites à risque comme l’utilisation de drogues/alcool ou la dépendance aux nouvelles technologies (internet, jeux vidéos…); les difficultés scolaires, les troubles liés à l’opposition avec les parents et à la sexualité (Difficultés de la réalisation sexuelle, Expériences homosexuelles, Multiplicité des rapports …), les troubles de l’humeur (dépression) et des conduites suicidaires (propos/idées suicidaires, tentative de suicide, équivalents suicidaires…) , Les troubles de l’agir et du passage a l’acte (Fugues et errances, délinquance, Violence, des absences scolaires répétées, école buissonnière, Vols…),
Lorsqu’un jeune souffre, l’ensemble de sa vie est perturbé, notamment son rapport aux autres et parfois sa possibilité de suivre un parcours scolaire classique. La gravité des troubles nécessite toujours une aide extérieure, aide au jeune lui-même mais aussi à sa famille.

Quels sont les moyens de prise en charge en pédopsychiatrie « en bref » ?

Elle s’articule autour de plusieurs axes et comporte en fonction des indications : l’administration de médicaments, les rééducations (orthophonie, psychomotricité, ergothérapie) et, surtout, la mise en place de psychothérapies. Ce dernier volet est fondamental, implique presque toujours les parents et peut correspondre à des thérapies comportementales (qui consistent à substituer un comportement adapté à un comportement pathologique), à des psychothérapies d’inspiration psychanalytique, a des thérapies interpersonnelles ou encore à des thérapies systémiques… Le but de ces thérapies est d’aider non seulement l’enfant en souffrance mais aussi sa famille et son entourage.

DR. Ons NOUIRA