La Schizophrénie

La schizophrénie est un trouble psychiatrique sévère et chronique qui touche entre
0,4% et 1% de la population mondiale.

Le patient schizophrène vit dans son monde qui est en marge de celui de la société, il perd la capacité de prendre des initiatives. Ses pensées, ses sentiments et ses gestes sont touchés par ce trouble : Il entend des voix qui le critiquent ou commentent ses actions comme il peut percevoir des objets ou des entités qui sont en réalité absents.

Typiquement, la personne souffrant de schizophrénie a l’impression d’être contrôlée par une force extérieure, de ne plus être maître de sa pensée ou d’être la cible d’un complot à la finalité mal circonscrite. Ce trouble retentit donc gravement sur la personne qui peut abandonner ses études, son travail et/ou même sa famille.

Souvent la personne qui en souffre n’a pas conscience de sa maladie ce qui rend difficile l’acceptation du diagnostic et le respect du suivi psychiatrique et de la prise médicamenteuse.

La schizophrénie touche aussi bien les hommes que les femmes, elle se manifeste habituellement au début de l’âge adulte, entre 15 et 25 ans chez les hommes et entre 21 et 27 ans chez les femmes.

Quels sont les symptômes de la schizophrénie ?

Nous parlons de schizophrénie si les manifestations suivantes sont présentes depuis au moins six mois:

  1. Désorganisation ou dissociation psychique

Le patient schizophrène a un discours illogique et difficile à suivre, il a du mal à communiquer à exprimer ses sentiments et à agir en conséquence. Il peut avoir de façon simultanée des sentiments contradictoires (tristesse et joie). Il peut sourire sans raison, avoir des rires immotivés et se comporter de façon bizarre ou absurde. Le malade perd le fil de ses idées, peut dire des phrases sans suite ou incompréhensibles et peut même inventer
des mots à sa guise (néologisme).

  1. Délire paranoïde et symptômes dits positifs ou productifs

La personne schizophrène voit, entend, sent ou ressent des choses qui n’existent pas pour ceux qui l’entourent et il n’est pas possible de la convaincre de son erreur. Elle s’imagine que la personne qui la regarde ou qui la croise dans la rue est là pour l’espionner. Elle peut se sentir surveillée, persécutée, en danger ou croire que la télévision lui envoie des messages. Elle est convaincue d’avoir le pouvoir d’influencer les événements dans le monde, d’être contrôlée par une force extérieure ou que d’autres individus peuvent lire dans ses pensées.

Souvent le patient schizophrène a une suspension de la parole, des expressions de peur ou de surprise, ou converse avec lui-même à haute voix. Le schizophrène a souvent peur d’exprimer ce qu’il vit. Il peut paraitre très angoissé et inquiet comme il peut être indifférent à tout ce qui
se passe.

  1. Symptômes dits négatifs ou déficitaires

Le schizophrène désinvesti sa réalité, il vit replié sur lui-même, il a des difficultés à raisonner, à parler et à agir, sa capacité de concentration, à maintenir son attention et sa mémoire sont affaiblis.

Le patient schizophrène exprime peu ses émotions, ne réagit presque plus ou carrément ne ressent plus ses émotions.

Le visage de la personne atteinte devient inexpressif, elle parle toujours sur le même ton, ses mouvements sont moins spontanés, ses gestes, moins démonstratifs.

Les manifestations que nous avons décrits ont des conséquences délétères et handicapantes sur la qualité de vie des personnes schizophrènes et affectent fortement leur entourage.

Quel est le traitement de la schizophrénie ?

Le traitement de la schizophrénie repose sur des médicaments appelés antipsychotiques et sur une prise en charge psychologique et une aide à la réintégration familiale et sociale.

Ce traitement vise à réduire et à faire disparaitre les signes de la maladie, à prévenir les rechutes et à améliorer la qualité de vie du schizophrène.

Les antipsychotiques ont permis d’entrer en contact avec des patients devenus inaccessibles en les rendant plus sociables. De nos jours il existe plusieurs types d’antipsychotiques qui se présentent soit sous formes de comprimés ou d’ampoules injectables, ces médicaments seront prescrits au long cours puisqu’il s’agit d’une maladie chronique.

Le traitement de la schizophrénie débute plus souvent en ambulatoire si l’entourage peut assurer les soins nécessaire, parfois il se fait en intrahospitalier. Les principales indications de l’hospitalisation sont : L’agitation et le risque accru de dangerosité ou le comportement inapproprié dont l’impossibilité de subvenir à des besoins élémentaires (propreté, nourriture..).

L’hospitalisation se fait dans un service de psychiatrie à la demande du malade ou le plus souvent sous contrainte (à la demande d’un parent proche ou du juge du tribunal de première instance); mais cette hospitalisation ne doit pas être trop longue vue le risque d’appauvrissement intellectuel et social du à l’éloignement du monde extérieur.

Outre le traitement médicamenteux qui est primordial pour la prise en charge du patient schizophrène, le médecin peut utiliser un ou plusieurs des moyens non médicamenteux suivants :

  • L’exercice physique régulier aurait un effet positif sur la santé physique et mentale des patients.

  • La psychoéducation de la famille et du patient sont utiles pour faciliter les interactions familiales, consolider la relation avec les services de soin et diminuer le handicap. Cette psychothérapie se base sur l’explication de la maladie, ses symptômes, ses complications et son génie évolutif, elle est basée sur l’écoute, la dédramatisation et la réassurance.

  • La remédiation cognitive est une technique qui s’apparente aux méthodes thérapeutiques rééducatives. Elle vise à agir sur des processus altérés, de manière à rendre les patients plus efficients dans la réalisation de certaines tâches. Cette intervention aide le patient, d’une part, à améliorer ses processus d’attention et de jugement et d’autre part à acquérir des compétences comportementales diverses particulièrement dans le secteur de la communication.

  • La thérapie familiale consiste à une intervention psychologique auprès de tous les membres de la famille intervenant dans la vie du patient (parents, fratrie). Elle vise à réduire le stress lié à l’expression émotionnelle familiale.

  • Les thérapies comportementales qui ont pour but d’améliorer le comportement social, les habiletés pratiques, l’autonomie et la communication interpersonnelle.

DR. Badii Amamou