La Sexologie

La Sexologie

Quelles sont les composantes de la sexualité ?

Le comportement sexuel correspond à l’ensemble des activités motrices qui permettent le plaisir sexuel et la reproduction. Il comprend plusieurs variantes qui vont des caresses et des préliminaires aux différentes pratiques sexuelles avec pénétration.

La fonction sexuelle correspond aux étapes de la réalisation sexuelle quel que soit le type du comportement : le désir (envie sexuelle), l’excitation et le plaisir (sensation orgasmique). Elle est déterminée par un ensemble de facteurs physiologiques, psychologiques et relationnels. L’altération de ces facteurs aboutit à l’apparition des dysfonctions sexuelles.

Qu’est-ce que la sexologie ?

La sexologie est une discipline récente qui étudie tous les aspects de la sexualité humaine à savoir le comportement sexuel, sa dimension érotique ainsi que l’attachement affectif et émotionnel. Il s’agit s’une science multidisciplinaire qui inclut aussi bien les aspects médicaux et physiologiques, que psychologiques, sociaux et culturels. Elle offre un espace de parole pour répondre aux questionnements sur la vie affective et sexuelle et propose une prise en charge des difficultés qui peuvent limiter l’accès à une sexualité satisfaisante.

Pourquoi consulter un sexologue ?

Les motifs de consultations sont multiples : problèmes sexuels fonctionnels tels que les troubles du désir, de l’érection, de l’éjaculation, sécheresse vaginale, absence de plaisir… Les problèmes de santé et notamment les maladies chroniques, ainsi que leurs traitements (surtout médicamenteux), peuvent également être à l’origine d’une difficulté sexuelle et amener à consulter. La mésentente conjugale, qu’elle soit isolée ou associée à des troubles sexuels, constitue aussi un motif fréquent de consultation.
Par ailleurs, la quête d’information pour pallier à une éducation sexuelle défaillante peut également inciter à consulter un sexologue.

Quelles sont les dysfonctions sexuelles masculines ?

Troubles du désir chez l’homme

Le désir sexuel est ce qui pousse une personne à avoir un rapport sexuel ou à répondre positivement à une stimulation sexuelle habituellement excitante. La baisse du désir sexuel est une diminution ou une absence de fantasmes (pensées sexuelles excitantes) et de désir d’avoir une activité sexuelle. Cette diminution provoque une souffrance et/ou des difficultés entre les personnes impliquées. La testostérone est importante pour le désir sexuel. Il est important donc de la doser en cas de baisse du désir. D’autres causes sont également à rechercher : maladies chroniques (telles que le diabète), prise de certains médicaments, problèmes relationnels dans le couple ou présence d’autres troubles sexuels.

Dysfonction érectile 

La DE est l’incapacité persistante ou récurrente à obtenir ou maintenir une érection adéquate jusqu’à l’accomplissement d’un rapport sexuel. Les facteurs qui y prédisposent sont le vieillissement, les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’hypercholestérolémie, le tabagisme, la prise de certains médicaments, un niveau élevé de stress ainsi que la dépression et l’anxiété. Elle peut être à prédominance psychologique ou organique, mais souvent des mécanismes mixtes sont présents. Chez un homme qui prend de l’âge, elle doit faire rechercher une atteinte cardiovasculaire jusqu’à preuve du contraire.

L’éjaculation précoce

Il s’agit d’une éjaculation survenant de façon persistante ou récidivante, après une stimulation minime, avant (anté-portas) ou moins d’une minute après la pénétration, avant que le sujet ne le souhaite et qui échappe à son contrôle volontaire. C’est le trouble sexuel masculin le plus fréquent, aux conséquences délétères sur la qualité de vie du patient et la relation de couple. Elle est sous-diagnostiquée et sous-traitée malgré l’existence de thérapeutiques efficaces.

Quelles sont les dysfonctions sexuelles féminines ?

Troubles du désir et de l’excitation

La baisse du désir sexuel « une déficience ou absence persistante ou répétée de fantaisies imaginatives d’ordre sexuel et de désir d’activité sexuelle ». Elle est souvent associée à une excitation insuffisante : « Difficulté ou incapacité persistante ou récurrente à atteindre ou à conserver un niveau d’excitation jusqu’à l’accomplissement de l’acte sexuel». Le diagnostic repose sur des aspects objectifs (fréquence des masturbations, des rapports sexuels et des fantasmes et rêves érotiques), mais surtout sur des aspects subjectifs qui consistent en un sentiment d’insatisfaction par rapport à l’intérêt porté à la sexualité et à la fréquence des rapports sexuels. Ce sentiment peut provenir de soi ou du partenaire qui souffre du trouble.

Troubles sexuels avec douleur

La dyspareunie est « une douleur génitale qui survient lors du coït et qui entraîne une abstinence plus ou moins complète ». La chronicité est fréquente, ce qui rend indissociable la douleur physique et psychique. Elle peut être superficielle ressentie à l’entrée du vagin (forme la plus fréquente) ou profonde au niveau du pelvis.

Le vaginisme est une « impossibilité de pénétration due à une contraction involontaire réflexe des muscles péri-vaginaux qui ferment l’orifice vaginal». Une contraction défensive des cuisses et des muscles abdominaux peut être associée. Il est d’origine psychologique, car il correspond à une phobie de la pénétration qui s’associe à une anticipation de la douleur.

Les troubles de l’orgasme

L’anorgasmie est définie par l’incapacité de sanctionner une stimulation sexuelle par une décharge orgasmique. Bien qu’elle prenne appui sur la diminution ou l’absence des réactions physiologiques, elle implique aussi des facteurs psychologiques et relationnels qui doivent être pris en compte dans la démarche diagnostique et dans le traitement. Les anorgasmies constituent des demandes fréquentes de consultations en sexologie. Elles ont remplacé le terme de frigidité, longtemps utilisé, qui est désormais jugé péjoratif et trop vague. En effet, par frigidité on désignait n’importe quelle difficulté ou inhibition de la réaction sexuelle féminine qu’elle se situe au niveau du désir, de l’excitation ou du plaisir.

C’est quoi le mariage non consommé ?

Le mariage non consommé est un problème sexuel très fréquent en Tunisie du fait de l’inexpérience sexuelle et de la pression sociale dont le couple fait l’objet lors de la période des noces. Il est défini par l’impossibilité d’avoir des rapports sexuels complets avec pénétration. Il peut avoir trois causes, qui sont par ordre décroissant de fréquence : le vaginisme, la dysfonction érectile et l’éjaculation prématuré sévère dite antéportas (avant pénétration).

Que veut dire une crise de couple ?

La crise n’est pas forcément pathologique. Elle peut être un moment fécond où le couple se développe en essayant de réaménager son équilibre. Elle devient problématique lorsque les deux partenaires (rarement un seul) sont de plus en plus insatisfaits de leur vie de couple, n’y voient plus d’avenir et souffrent. Dans la plupart des cas, ces problèmes se manifestent par l’apparition de l’idée d’une séparation, un intérêt grandissant pour un nouveau partenaire, ou une souffrance relationnelle suite à des difficultés de communication.

La thérapie de couple peut être d’une aide précieuse, surtout quand le couple détecte à temps les signes d’insatisfaction ou de lassitude et s’efforce d’y remédier. Elle nécessite la mise en œuvre des ressources des deux partenaires afin que, par plusieurs moyens, ils débouchent sur une amélioration de la communication et la résolution du problème.

DR. Yousri El Kissi

La pédopsychiatrie

La pédopsychiatrie

C’est une discipline médicale consacrée aux enfants, depuis la naissance jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte. Elle entretient des liens étroits avec la psychologie du développement  et la psychiatrie.
Le champ d’action de la pédopsychiatrie est vaste, allant des relations entre les parents durant la grossesse et avec l’enfant au cours de ses premiers mois de vie (La pédopsychiatrie périnatale), les relations précoces mère-enfant difficiles jusqu’aux pathologies de l’adolescence.

Qu’est-ce qu’un pédopsychiatre ?

C’est le médecin qui s’occupe de la souffrance psychique de l’enfant – du bébé à l’adolescent –, laquelle est différente de celle des adultes. Il ne peut intervenir sans inclure les parents de l’enfant. Son rôle peut aller du choix d’une orientation scolaire à la thérapie familiale.

Pour quels types de symptômes les parents sont-ils amenés à consulter ?

Retard de développement, difficultés familiales, troubles du comportement, problèmes scolaires… Les motifs de consultation qui peuvent mener un enfant et ses parents à consulter un pédopsychiatre sont nombreux et variés.
On peut les classer selon la tranche d’âge : nourrisson, enfant, adolescent, puisque selon le degré d’évolution de l’enfant, un même symptôme peut avoir différentes significations.
Elles vont des problèmes temporaires et/ou d’intensité modérées (troubles de l’alimentation, du sommeil, énurésie, encoprésie, angoisses, tristesse), à des tableaux très sérieux : troubles du spectre autistique, troubles psychiques graves, telle l’inhibition, l’agitation, l’opposition, les troubles graves du comportement, en particulier à l’école. Impossible de lister tous les motifs de consultation tant ils peuvent être nombreux et variés. Dès lors qu’un malaise ou une difficulté est ressentie par l’enfant et/ou ses parents, tout peut être motif à consulter.
Pour autant, il est possible de dresser, en fonction des différents âges de l’enfance, les motifs de consultation les plus fréquents :

  • Avant l’âge de 3 ans

Cela concerne essentiellement les retards de développement (acquisition de la marche, du langage, les suspicions des troubles du spectre autistiques qui constituent un motif fréquent de consultation et définis par une altération des compétences sociales : un enfant qui présente un retrait, un retard du langage, des intérêts restreint et répétitifs « stéréotypies », ne joue pas, ne regarde pas dans les yeux, …), les troubles du sommeil, les troubles alimentaires

  • Après 3 ans et avec l’entrée au jardin d’enfants

il s’agit plutôt d’enfants qui ont du mal à se séparer de leurs parents (anxiété de séparation), qui n’arrivent pas à se concentrer ou qui ont des problèmes de socialisation (ils mordent ou tapent les autres enfants par exemple) ou bien qui ont difficultés à respecter les limites et les normes éducatives

  • L’entrée à l’école

A l’âge scolaire  se révèlent notamment les problèmes d’ordre scolaire : difficultés scolaires, les troubles spécifiques des apprentissages présents chez 5 à 15% des enfants en âge scolaire, répartis en : Trouble spécifique du langage oral (dysphasie), Trouble spécifique de la lecture (dyslexie): le plus fréquent, Trouble spécifique de l’écriture (dysgraphie, dysorthographie), Troubles des habiletés motrices (dyspraxies), Trouble spécifique de l’arithmétique (dyscalculie).
On observe également, Le trouble déficit de l’attention/hyperactivité TDAH, qui est un trouble fréquent, touche 3 à 5% des enfants d’âge scolaires (soit un à deux élèves dans une classe de 30), caractérisé par une hyperactivité, une impulsivité et des difficultés attentionnelles, à l’origine de difficultés scolaires, des difficultés relationnelles avec l’entourage, et un retentissement sur l’enfant lui même (un manque de confiance en ses capacités, une faible estime de soi, Il se perçoit de plus en plus comme mauvais, se décourage, se révolte, s’épuise, .…).
Durant cette période, émergent aussi des problèmes d’immaturité avec notamment des enfants qui n’arrivent pas à faire leurs devoirs seuls ou ont du mal à s’adapter, des troubles anxieux (refus ou phobie scolaire, le mutisme définie par un refus de parler aux personnes étrangères (camarades/ instituteurs), le trouble obsessionnel compulsif caractérisé par des idées obsédantes, des rituels et des comportements répétitifs…) et des troubles sphinctériens (énurésie, encoprésie)…
Par ailleurs, Il ne faut pas négliger les situations où les enfants souffrent
d’harcèlements et de moqueries des autres.
On peut voir également chez l’enfant des troubles de l’humeur notamment la dépression: Elle est estimée entre 0,5 et 3 % de la population générale de 6 à 12 ans, caractérisée par un changement progressif avec une rupture avec l’état antérieur de l’enfant ; et des troubles réactionnels secondaires à des facteurs de stress physiques ou psychologiques, maltraitance, qui souvent s’exprimer sous forme de plaintes somatiques et physiques tels que les douleurs abdominales, les nausées et vomissements, les céphalées…

  • les problèmes liés à l’adolescence 

L’adolescence est une période de forts bouleversements du corps, mais aussi du fonctionnement psychologique et de nombreux troubles peuvent se manifester à cet âge comme des troubles des conduites alimentaires comme l’anorexie mentale  (caractérisée par une baisse de l’appétit, un Amaigrissement, une Aménorrhée, avec une perturbation de l’image du corps) ; ou la boulimie ou Comportements alimentaires instables et perturbés ( Fringale, hyperphagie, grignotage, réduction alimentaire, Perte/prise de poids « yoyo pondéral », des conduites et préoccupations excessives autour de la nourriture…). Les Troubles du sommeil sont fréquemment observés durant cette période (Insomnies, Hypersomnies, Parasomnies : Somnambulisme, terreurs nocturnes, Énurésie…).
Il peut s’agir également de troubles oppositionnels ou l’apparition de conduites à risque comme l’utilisation de drogues/alcool ou la dépendance aux nouvelles technologies (internet, jeux vidéos…); les difficultés scolaires, les troubles liés à l’opposition avec les parents et à la sexualité (Difficultés de la réalisation sexuelle, Expériences homosexuelles, Multiplicité des rapports …), les troubles de l’humeur (dépression) et des conduites suicidaires (propos/idées suicidaires, tentative de suicide, équivalents suicidaires…) , Les troubles de l’agir et du passage a l’acte (Fugues et errances, délinquance, Violence, des absences scolaires répétées, école buissonnière, Vols…),
Lorsqu’un jeune souffre, l’ensemble de sa vie est perturbé, notamment son rapport aux autres et parfois sa possibilité de suivre un parcours scolaire classique. La gravité des troubles nécessite toujours une aide extérieure, aide au jeune lui-même mais aussi à sa famille.

Quels sont les moyens de prise en charge en pédopsychiatrie « en bref » ?

Elle s’articule autour de plusieurs axes et comporte en fonction des indications : l’administration de médicaments, les rééducations (orthophonie, psychomotricité, ergothérapie) et, surtout, la mise en place de psychothérapies. Ce dernier volet est fondamental, implique presque toujours les parents et peut correspondre à des thérapies comportementales (qui consistent à substituer un comportement adapté à un comportement pathologique), à des psychothérapies d’inspiration psychanalytique, a des thérapies interpersonnelles ou encore à des thérapies systémiques… Le but de ces thérapies est d’aider non seulement l’enfant en souffrance mais aussi sa famille et son entourage.

DR. Ons NOUIRA

Le Trouble Bipolaire

Le Trouble Bipolaire

Les troubles bipolaires sont des troubles psychiatriques en rapport avec des dérèglements de l’humeur, se manifestant par des périodes d’excitation (épisode maniaque), des périodes dépressives et des périodes de stabilisation de l’humeur à son niveau habituel.

La vie de tout un chacun est faite de périodes de grand bonheur et de périodes de tristesse mais dans le cas des troubles bipolaires, ces changements sont hors de proportion ; Ils atteignent une intensité telle, que la personne ne réalise pas qu’elle dépasse les bornes, ou encore, la personne souffre tellement de sa dépression qu’elle en est paralysée et est hantée par des idées suicidaires. Cet état entraîne très souvent des problèmes familiaux, professionnels et financiers, parfois il entraîne des problèmes judiciaires (violence, chèques sans provision, prise de drogues, ivresse…). La maladie peut conduire à l’hospitalisation.

Cette maladie touche 1 à 6% de la population générale, autant les hommes que les femmes. Elle commence généralement vers 25 ans mais de nos jours, nous voyons des patients de plus en plus jeunes présentant ce trouble en outre des enfants.

Quels sont les symptômes du trouble bipolaire ?

Les individus bipolaires connaissent des périodes où leur humeur est excessivement « haute » : il est question de manie ou d’hypomanie ; de plus, ces individus peuvent également connaître des périodes durant lesquelles leur humeur est particulièrement basse, il est alors question d’état dépressif. Les individus souffrant de trouble bipolaire peuvent également faire l’expérience d’épisodes mixtes durant lesquels les symptômes de manie et les symptômes de dépression sont ressentis en même temps. Ces épisodes sont souvent entrecoupés par des périodes de stabilité de durée variable.

C’est quoi une manie ?

La manie est caractérisée par un état dans lequel l’individu présente une humeur élevée ou irritable qui peut être euphorique et qui dure au moins une semaine. L’individu se sent investi d’une force surhumaine; il parle sans arrêt, il a plein de projets; dort très peu mais sans éprouver de la fatigue; son énergie sexuelle est souvent augmentée.

L’individu en phase maniaque est sociable et familier de façon excessive, il peut avoir également des achats inconsidérés et des conduites insouciantes ou irresponsables.

L’individu peut aussi présenter une perception erronée de la réalité (délire) : il a l’impression d’être un personnage célèbre ou de grande importance, il est chargé d’une mission divine, ou bien il a l’impression que des gens complotent contre lui.

Dans les formes sévères de manie, l’individu peut faire des gestes dangereux pour lui et/ou pour les autres, il s’agit dans ce cas d’une urgence psychiatrique et le patient doit être alors hospitalisé.

C’est quoi une dépression ?

Durant cette phase l’individu se sent triste, fatigué, en manque d’énergie et de concentration. Il manque de confiance en lui, il peut ressentir des sentiments d’incapacité, d’impuissance ou même de culpabilité. Il est pessimiste, n’a plus envie de manger et se réveille très tôt le matin. Sur le plan sexuel, son désir est diminué, ses performances sont amoindries et son plaisir est atténué.

Dans certains cas, symptômes dépressifs et maniaques apparaissent en même temps (épisode mixte), ou alternent très rapidement.

Comment traiter le trouble bipolaire ?

Le traitement du trouble bipolaire repose sur la prescription de médicaments appelés thymorégulateurs ; ces médicaments permettent de traiter les épisodes thymiques et de prévenir les récurrences des différents épisodes, ils sont donc prescrits au cours des épisodes (ou accès) et poursuivis au long cours.

Le lithium (Téralithe)* est classiquement le thymorégulateur de première intention dans le traitement des états d’excitation et la prophylaxie des récidives bipolaires.

Les anticonvulsivants (Dépakine)* (Tégrétol)* (Lamictal)* et plus récemment certains antipsychotiques atypiques (Olanzapine, Quétiapine, Rispéridone, Aripiprazol) ont permis d’élargir l’arsenal thérapeutique des troubles de l’humeur.

D’autres types de médicaments sont souvent associées surtout au cours des épisodes: il peut s’agir de neuroleptiques, d’antidépresseurs ou d’anxiolytiques.

Dans les cas résistants à l’ensemble de ces traitements médicamenteux, l’électroconvulsivothérapie (ECT) peut être utilisée pour réaliser une amélioration rapide et à court terme des symptômes sévères. Ce traitement est réalisé sous anesthésie générale sous un contrôle médical strict. Le respect de ses indications permet très souvent la rémission rapide de l’épisode et le retour à l’ « état de base ». Les effets secondaires de l’ECT (maux de tête ou troubles de la mémoire dans la plupart des cas, ou les effets liés à l’anesthésie générale), sont peu conséquents et la plupart du temps réversibles.

Le traitement repose aussi sur une bonne relation thérapeutique entre l’équipe médicale, le patient et la famille afin d’informer le malade et la famille sur le trouble. L’objectif étant de garantir la qualité de l’observance thérapeutique au long cours et le suivi des règles de bonne hygiène de vie qui représentent des facteurs protecteurs importants. Ainsi, le patient doit éviter les excitants (alcool, drogues, café et cigarettes), doit dormir à heures fixes et doit adopter un style de vie le moins stressant possible.

Le traitement du trouble bipolaire peut se faire en ambulatoire comme en intrahospitalier. Les principales indications de l’hospitalisation sont : l’agitation et le risque accru de dangerosité ou le comportement inapproprié, aussi bien durant les phases maniaques que dépressives ….

L’hospitalisation se fait dans un service de psychiatrie à la demande du malade ou le plus souvent sous contrainte.

Outre le traitement médicamenteux qui est primordial pour la prise en charge du patient bipolaire, le médecin peu utiliser un ou plusieurs des moyens non médicamenteux suivants :

  • La psychothérapie de soutien est indispensable dans tous les cas (par le médecin traitant, le psychiatre ou un psychologue clinicien). Elle améliore l’observance du traitement, la compréhension du trouble, l’identification précoce des signes de rechute éventuelle, et aide à surmonter les symptômes résiduels.

  • La psychoéducation de la famille et du patient peuvent être utiles pour faciliter les relations familiales et la relation avec l’équipe de soins. Cette psychothérapie se base sur l’explication de la maladie : ses symptômes, ses complications et son génie évolutif, elle est basée sur l’écoute et la réassurance.

DR. Badii Amamou

Les Troubles Anxieux

Les Troubles Anxieux

Les troubles anxieux constituent un ensemble de troubles psychiatriques en rapport avec une anxiété anormale et/ou excessive. Ces troubles anxieux sont fréquents: leur prévalence sur 12 mois est de 17,2% et concernent plus les femmes que les hommes.

Les personnes atteintes de trouble anxieux sont sujettes à une anxiété excessive et persistante qui affecte sérieusement leur qualité de vie.

Quelles sont les différents types de troubles anxieux ?

De point de vue clinique, nous distinguons généralement cinq grands types de troubles anxieux :

  1. Trouble panique (TP)

Le trouble panique est fréquent : il touche 1,5 à 5% de la population générale, ce trouble intéresse beaucoup plus les femmes que les hommes (3 femmes pour un homme).

Généralement, ce trouble débute à l’âge jeune entre 15 et 25 ans.

Le patient présente des crises d’angoisse avec crainte et malaise qui sont bien délimitées dans le temps (10 à 30 minutes en moyenne) que nous appelons des attaques de panique. Durant l’attaque de panique le patient ressent divers symptômes : palpitation; transpiration ; impression d’étouffement ou de « souffle coupé » ; sensation d’étranglement ; douleur ou oppression thoracique ; nausée ou douleur abdominale ; vertiges ou impression d’évanouissement ; frissons ou bouffées de chaleur ; tremblements ; paresthésie; déréalisation ou dépersonnalisation ; ces crises sont accompagnés d’une peur de perdre le contrôle sur soi ou de devenir fou ou de mourir.

le diagnostic de trouble panique repose sur l’association d’attaques de panique récurrentes et inattendues, d’une crainte persistante d’avoir d’autres attaques de panique et de préoccupations concernant l’origine probable ou les conséquences possibles de ces attaques de panique.

  1. Les phobies

La phobie spécifique est une peur marquée et persistante d’objets ou de situations.

Bien que cette peur soit reconnue par le sujet phobique comme irrationnelle, elle entraîne le plus souvent un évitement conscient de l’objet ou de la situation.

Cette phobie peut être du type : animal, environnement naturel (tonnerre, hauteurs, eau…), sang-injection ou situationnel (avion, endroits clos, conduite automobile…).

La prévalence sur la vie des phobies spécifiques est de 11%, Elles touchent 2 femmes pour 1 homme. L’âge moyen de début  de la phobie type environnement et type sang est de 5 à 9 ans, de la phobie situationnelle est de 20 ans.

La phobie sociale est une peur marquée des situations sociales dans lesquelles un sentiment de gène peut survenir. Il existe, en fait, une crainte excessive d’être observé et jugé par autrui ou d’agir de façon humiliante devant les autres. Exp : parler et manger en public, assister à des soirées, écrire devant les autres, démarrer et soutenir une conversation, parler au téléphone devant les autres…

La prévalence sur la vie est de 3 à 13%. L’âge moyen du début est de 10 ans avec parfois des formes précoces vers l’âge de 5 ans.

L’agoraphobie

L’agoraphobie a une fréquence de 0,6% à 6% sur la vie entière. 50 à 75% des agoraphobes présenteraient aussi un TP.

Il s’agit d’une anxiété liée au fait de se retrouver dans des endroits ou des situations d’où il peut être difficile de s’échapper ou dans les quelles on pourrait ne pas trouver de secours en cas d’attaque de panique. Le sujet agoraphobe va se sentir anxieux ou va éviter les espaces publics, les marchés, les grandes surfaces, les ponts, les tunnels, les files d’attentes et les grands boulevards. Quand il se retrouve dans un théâtre pour un spectacle ou dans une mosquée pour faire la prière, il choisira de manière quasi-systématique la dernière rangé, côté porte.

  1. Trouble obsessionnel et compulsif (TOC)

La prévalence sur la vie du TOC est de 2-3%. Les garçons sont plus touchés pendant l’adolescence. Ce trouble se déclenche généralement vers l’âge de 20 ans.

C’est la survenu d’obsessions (Pensées, impulsions ou représentations récurrentes et persistantes, ressenties comme intrusives et inappropriées et entraînant une anxiété ou une détresse importante) ou de compulsions (comportements ou actes mentaux répétitifs que le sujet se sent poussé à accomplir en réponse à une obsession ou selon certaines règles qui doivent être appliquées de manière inflexible) récurrentes et suffisamment sévères pour entraîner une perte de temps considérable, une souffrance cliniquement significative ou une altération de la vie socioprofessionnelle.

Les personnes souffrant de ce trouble peuvent avoir des idées obsédantes concernant la propreté et développent ainsi des rituels incessants de lavage (surtout des mains), comme elles peuvent avoir des doutes sur ce qu’elles viennent de faire et développer alors des rituels de vérification (robinet de gaz, robinets d’eau, la porte, les fenêtres…). Plus rarement, elles présentent des images obscènes (images pornographiques ou incestueuses) ou des impulsions répréhensibles (insulter dieu, tuer ses enfants…). Dans ces dernières descriptions cliniques, il s’agit toujours de craintes et de peurs qui ne sont jamais suivies d’actes réels.

  1. Trouble Anxiété Généralisée (TAG)

La prévalence sur la vie du TAG est de 45% ; le TAG touche surtout les femmes. 50 à 90% des cas associent un autre trouble anxieux ou de l’humeur.

Anxiété permanente et chronique secondaire à des préoccupations et des soucis excessifs que le sujet a du mal à atténuer ou à arrêter. Le moindre évènement ou indice de la vie de tous les jours devient une source de soucis excessifs (un petit retard du mari, le bruit d’une sirène dans la rue, un petit déficit budgétaire, une fièvre chez son enfant…). Les personnes ayant un TAG souffrent souvent d’un tableau fait de tendance facile à la colère, de troubles de l’attention, de trous de mémoire, de fatigue chronique, de tension musculaire, de multiples douleurs corporelles et par moment d’insomnie.

  1. L’état de stress post-traumatique (ESPT)

L’état de stress post-traumatique est un état se caractérisant par le développement de symptômes spécifiques faisant suite à l’exposition à un événement traumatique dans un contexte de mort, de menaces de mort, de blessures graves ou d’agression sexuelle.

La prévalence sur la vie est de 1 à 3%. Le tableau clinique est fait de symptômes de répétition (souvenirs envahissants et désagréable de l’évènement traumatique, cauchemars, feedbacks..), de comportements d’évitement (du lieu du traumatisme, des personnes qui étaient présentes, de tout indice qui rappelle le traumatisme…) et de symptômes neurovégétatifs excessifs (réactions de sursaut, humeur colérique, trous de mémoire, tension musculaire quasi-permanente…).

Quel est le traitement des troubles anxieux ?

Le traitement des troubles anxieux repose sur des interventions médicamenteuses et/ou psychologiques.

Plusieurs médicaments sont reconnus pour leur efficacité contre l’anxiété, en particulier les antidépresseurs qui constituent le traitement de fond, à savoir les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN).

Du fait du risque de dépendance, les benzodiazépines doivent être prescrites de façon temporaire (idéalement pas plus de 2 à 3 semaines). L’initiation comme l’arrêt du traitement doivent être supervisés par le médecin.

La thérapie cognitive et comportementale est la thérapie qui a été la plus étudiée dans le traitement des troubles anxieux. Elle a montre son efficacité dans tous ces troubles notamment dans toutes les phobies, dans le trouble panique et dans le trouble obsessionnel-compulsifs. En se concentrant sur les facteurs qui causent et maintiennent l’anxiété et en donnant au patient des outils de gestion de leur anxiété, ce type de thérapie se montre efficace de façon rapide et durable (18 à 16 séances de 45 minutes en général).

DR. Badii Amamou

Les conduites suicidaires

Les conduites suicidaires

 Le suicide constitue aujourd’hui un problème majeur de Santé Publique. Bien que le suicide soit un geste individuel, il s’inscrit dans un contexte plus large d’interactions entre la personne, sa communauté immédiate et la société en général. La qualité de vie de la personne, son réseau social, ainsi que la disponibilité des ressources lorsque celle-ci a besoin d’aide, ont une influence sur cette situation de détresse. Ce qui fait qu’une personne ne voit plus de solution à ses problèmes, ce n’est habituellement pas le problème en soi, mais bien la perception qu’elle a du problème.

Qu’est ce que les conduites suicidaires ?

Pendant longtemps, on a défini le suicide comme la mort résultant directement ou indirectement de la victime qui savait qu’elle allait se suicider ; on considérait le suicide comme un acte conscient et rationnel. Mais cette définition ne tient plus car beaucoup de personnes commettent beaucoup d’actes suicidaires sans qu’il n’y ait une véritable intention de mourir (Exemple : prendre plusieurs comprimés de tranquillisants parce que la personne ne supporte plus les sentiments d’angoisse et les sensations corporelles qui en découlent ce qui peut accidentellement provoquer sa mort !!!).

Les conduites suicidaires regroupent plusieurs entités cliniques multiples et hétérogènes. En général, nous distinguons, le sujet suicidaire qui présente des idées suicidaires
et qui risque donc d’attenter à sa propre vie.
Le sujet suicidant qui commet un acte suicidaire qui n’aboutit pas au décès (tentative de suicide) ou encore celui qui commet un comportement auto-agressif à finalité plus ou moins suicidaire. Le sujet suicidé est la personne décédée par suicide. Et enfin, la crise suicidaire qui correspond à la période où le patient présente un risque suicidaire élevé. Les causes peuvent être multiples : contexte socio-environnemental, pathologie psychiatrique et/ou somatique associée ou sous-jacente… Le patient pense être dans une impasse, il est envahi par des idées suicidaires et pense que le suicide est la seule issue possible.

Il convient également de reconnaître les équivalents suicidaires qui correspondent à des conduites ou à des comportements où la prise de risque est importante même sans intention suicidaire exprimée (refus alimentaire persistant, intoxication alcoolique ou tabagique malgré l’interdiction médicale stricte, conduite automobile dangereuse…).

Enfin, il est important à noter que les récidives suicidaires sont fréquentes, 43% de ceux qui ont fait une tentative de suicide en referont une autre, dont la moitié dans l’année qui suit le premier geste. On estime, par ailleurs, que 4 tentatives sur 10 sont des récidives. 1 à 10% de ceux qui font une ou des tentatives décèderont par suicide dans un temps plus ou moins proche.

Quelles sont les données épidémiologiques ?

Le suicide est un phénomène qui, à des degrés divers, affecte tous les groupes d’âges et toutes les classes sociales.

Dans le monde, l’épidémiologie du suicide est très variable selon les pays, et parfois même entre communautés différentes dans un même pays. Les tentatives de suicide sont beaucoup plus fréquentes, mais leur nombre est très difficile à évaluer.

  • Le suicide augmente fortement avec l’âge, surtout chez l’homme et surtout après 75 ans.

  • 6% des suicides surviennent entre 15 et 24 ans,

  • 66% entre 25 et 64 ans

  • 28% chez les personnes âgées (> 65ans)

  • Chez les adultes jeunes (25-34 ans) le suicide est la première cause de mortalité

  • Chez les adolescents, il représente la 2ème cause de mortalité (16%), après les accidents de la circulation (38%)

  • Le suicide est considéré comme exceptionnel chez l’enfant (avant la puberté).

Avoir des idées de suicide peut arriver à tout le monde, mais qu’est-ce qui fait qu’une personne décide de se suicider ?

Tout le monde est confronté un jour ou l’autre à la souffrance. En effet, la douleur, comme le bonheur, font partie de la vie. Cependant, derrière la détresse que la personne vit se cache une histoire de vie dont on doit tenir compte. Lorsque l’on parle de suicide, il est important de retenir qu’il n’y a pas une cause qui y mène, mais un ensemble d’éléments. L’histoire de vie de chaque personne fait en sorte qu’elle possède plus ou moins les outils pour faire face à une difficulté particulière. Développer et entretenir de saines habitudes de vie et tendre vers un équilibre permettent d’être mieux outillé pour faire face aux périodes difficiles de la vie.

Un moment critique

Il arrive qu’un événement survienne et déstabilise la personne déclenchant ainsi un déséquilibre (ex. : une peine d’amour, un échec scolaire, une période difficile au travail, un deuil, des difficultés financières, etc…). Lorsque la personne rencontre des difficultés, elle tente de passer à travers de différentes façons, par différents moyens émanant de ses ressources personnelles. Trouver les moyens qui fonctionnent peut prendre un certain temps d’autant plus que la personne concernée est souvent prise par ses émotions négatives et ses distorsions cognitives provoquées par l’évènement ce qui ralentirait ses capacités de résolution de problème.

Facultés affaiblies

Quand les moyens identifiés par la personne en détresse ne suffisent plus à faire diminuer sa souffrance ou bien ils ne sont pas adaptés à sa situation. La personne n’arrive alors plus à gérer sa détresse. Elle a fait le tour de ses ressources personnelles et a épuisé tous les moyens qu’elle voyait à sa disposition. Dans ce cas, il arrive que la personne se sente davantage envahie par ses difficultés, par sa souffrance. La personne en détresse se retrouve avec les facultés affaiblies par sa souffrance. Par conséquent, cette dernière l’empêche de réfléchir clairement sur sa situation. Par ailleurs, ne sachant plus comment se sortir de cette situation, elle cherche désespérément un moyen pour faire diminuer sa détresse, pour cesser de souffrir. En s’aidant par un intervenant professionnel (médecin, psychiatre, psychologue, travailleur social, etc.), la résolution de la difficulté peut être plus rapide en aidant la personne en souffrance à clarifier la situation problématique et à mieux identifier les moyens qui conviennent le plus pour gérer cette situation.

Idées suicidaires = signal d’alarme

Si des idées suicidaires surviennent, même brièvement, cela constitue un signal d’alarme. Ce signal d’alarme signifie une détresse psychologique grandissante, que les moyens habituels pour gérer les difficultés ne suffisent plus et que le suicide est en train de se présenter comme une solution ultime pour cesser la souffrance.  Ce signal d’alarme doit être pris toujours au sérieux. L’aide extérieure professionnelle devient nécessaire et assez urgente.

Le processus suicidaire est réversible

C’est-à-dire que lorsqu’une personne trouve une solution à ses problèmes, elle diminue sa souffrance. Par conséquent, ses idées suicidaires sont de moins en moins présentes.

Comment l’entourage peut-il aider ?

Une personne en détresse ayant des idées suicidaires a besoin d’aide. La première façon d’aider, c’est de l’encourager à contacter un professionnel pour bénéficier de moyens spécifiques visant à réduire le risque suicidaire. En cas de désistement, l’entourage proche d’une personne en crise suicidaire peut faire recours aux professionnels afin d’être conseillé sur la conduite à adopter face à cette situation.

Comment s’aider soi-même ?

Vous ne vous sentez pas bien? Vous avez perdu vos repères? Vous avez de la difficulté à y voir clair? Ne restez pas seul.

Il est possible de ressentir de la honte à demander de l’aide, mais c’est une force de le faire. Demander de l’aide est une compétence et non pas une attitude de faiblesse. Vous n’avez pas à toucher le fond pour se faire aider. Le simple fait que vous vous questionniez est probablement une bonne raison de vous faire aider. Les professionnels seront en mesure de vous écouter pour bien comprendre votre situation et trouver, avec vous, des moyens de rendre votre situation moins souffrante.

Si vous hésitez à prendre ce pas, vous pouvez toujours demander à un proche de faire le premier contact avec un professionnel. Ce qui compte, c’est de sortir de votre silence et de vous ouvrir à une aide extérieure.

DR. Amel BRAHAM

Les addictions

Les addictions

C’est quoi une addiction ?

Les addictions sont caractérisées par l’abus ou la dépendance à une substance (ex. alcool, cannabis) ou à une activité/comportement (ex. jeux, sport, travail…) qui sert à procurer du plaisir ou à apaiser un stress ou un malaise.
Les sujets souffrant d’une addiction ont de grandes difficultés à contrôler leur comportement d’addiction, ce qui impacte négativement leurs vie socio-professionnelle et leur santé. Malgré ces conséquences négatives, les personnes concernées poursuivent leur comportement d’addiction, et éprouvent les plus grandes difficultés à le diminuer ou à l’arrêter.
Les troubles addictifs regroupent : Les addictions aux substances psychoactives (i.e. des substances agissant sur le cerveau) et les addictions à un comportement ou à une activité, aussi nommées addictions comportementales.
Parmi les addictions aux substances psychoactives, on compte :

  • l’addiction à l’alcool,

  • l’addiction aux drogues, (ex : cannabis, cocaïne, ecstasy, héroïne)

  • l’addiction aux solvants volatils, (ex : essence, vernis à ongles, colles)

  • l’addiction aux médicaments, (ex : benzodiazépines, morphiniques, codeïne…)

  • l’addiction au tabac.

Les addictions comportementales comprennent :

  • l’addiction aux jeux de hasard et d’argent,

  • l’addiction à l’internet et aux jeux de vidéo

  • les addictions au travail, au sexe, au sport, et aux achats.

Souvent, une personne peut souffrir de plusieurs types d’addictions ou bien changer d’addiction.

Pourquoi devient-on « addict » ?

Beaucoup de personnes ne comprennent pas pourquoi ou comment on peut développer une addiction. Souvent on pense que les personnes souffrant d’addiction manquent de « principes » ou de volonté et qu’ils pourraient arrêter leur addiction si simplement ils « faisaient un effort » et changeaient leur comportement. Toutefois les recherches récentes indiquent, que l’addiction est une maladie très complexe, souvent chronique, marquée par des rechutes, et le sevrage nécessite plus que des bonnes intentions. On sait aujourd’hui que les substances psychoactives à risque de dépendance activent d’une manière exagérée certaines régions du cerveau, et peuvent entrainer des changements cérébraux permanents qui favorisent une reprise compulsive de la substance.

Comment reconnait-on une addiction ?

Le symptôme principal est l’incapacité à limiter l’utilisation de la substance ou de l’activité (au-delà de la nécessité) menant à une altération significative du fonctionnement.

Les autres symptômes incluent :

  • une envie irrépressible de consommer la substance ou de reproduire le comportement (nommée « craving »).

  • Une monopolisation de la pensée par le projet de comportement addictif.

  • Un temps important consacré à préparer les épisodes, et à s’en remettre.

  • Une nécessité d’augmenter les doses du produit ou la fréquence/l’intensité d’un comportement pour atteindre l’effet désiré.

  • La survenue d’agitation, d’irritabilité et surtout d’angoisse si le passage à l’acte addictif est différé ou empêché.

Qui est concerné, quelle est l’ampleur des addictions dans notre pays ?

Des addictions peuvent survenir à tout moment de la vie, mais la période de l’adolescence (de 13 à 25 ans) est la plus propice à leur émergence. Généralement, les hommes sont plus concernés par les addictions que les femmes.
La fréquence des addictions, notamment aux substances psychoactives, est en hausse en Tunisie depuis plusieurs années. Quelques études peuvent nous renseigner sur l’ampleur du problème: Selon une étude de 2002 de Fakhfakh et coll, la prévalence du tabagisme est d’environ 50% chez l’homme, et en croissance régulière chez la femme. Quant aux troubles addictifs liés à l’alcool, une étude chez les consultants des centres de santé de base du gouvernorat de Sousse publié en 2015 par Nakhli et coll, a mis en évidence une prévalence sur la vie de 15,8% chez les hommes, alors que, comme pour le tabac, les femmes sont nettement moins concernées. L’enquête nationale Med SPAD, réalisée en 2013 auprès de 5437 lycéens tunisiens âgés de 15 à 17 ans, a trouvé une fréquence de consommation durant la vie de 22,2% pour le tabac, de 5,8% pour l’alcool, de 1,4% pour le cannabis, de 2,1% pour les psychotropes et de moins de 1% pour la cocaïne et pour l’ecstasy. Toutes les classes sociales et toutes les régions de la Tunisie seraient concernées par le phénomène de l’addiction.

Quelles sont les complications ?

Lorsqu’elles ne sont pas adéquatement et précocement prises en charge, les addictions peuvent avoir des complications sévères. Celles-ci peuvent être directement liées à la consommation d’une substance (ex : overdose d’une drogue, coma éthylique, accidents de la route) ou provoquées par les effets secondaires à long terme (cancers dus à l’alcool et au tabac, infection par le VIH et la hépatite C pour les utilisateurs de drogues injectables, troubles neurologiques et psychiatriques des consommateurs réguliers de substances psychoactives).
Par ailleurs, tout type d’addiction (y compris les addictions comportementales) risque d’induire des conflits familiaux et de couple, des problèmes financiers, un désinvestissement social, scolaire ou professionnel, allant jusqu’à l’isolement et à la désocialisation.

Quelles sont les possibilités de prise en charge ?

Durant les dernières décennies, les possibilités de prise en charge en matière d’addictions se sont beaucoup élargies. La prise en charge nécessite généralement une association d’un traitement médicamenteux (effets anti-impulsif et effets aidant au sevrage), d’une prise en charge psychothérapique individuelle ou de groupe, et d’une prise en charge sociale. Le succès dépend beaucoup de la motivation du patient à s’engager dans le traitement. Le traitement est souvent long, et des rechutes peuvent survenir même après des longues périodes d’abstinence ou de contrôle de l’addiction.
En Tunisie, un nombre croissant de médecins (surtout psychiatres), mais aussi de psychologues, se sont spécialisés dans la prise en charge des personnes avec addictions.
Par ailleurs, plusieurs associations soutiennent les personnes souffrant d’addiction aux substances psychoactives:

  • ATIOST : prise en charge psycho-sociale en ambulatoire pour les utilisateurs de drogues injectables.

  • ATUPRET : prise en charge médico-psycho-sociale des personnes souffrant d’une addiction aux substances psychoactives.

  • MANARA : réduction des risques chez les utilisateurs de drogues injectables.

DR. Uta OUALI

La Thérapie Comportementale et Cognitive

La Thérapie Comportementale et Cognitive

La thérapie comportementale et cognitive est aujourd’hui reconnue comme une des thérapies les plus efficaces dans le traitement des troubles psychologiques. En France, elle est la seule thérapie remboursée par la sécurité sociale. Aux USA, les techniques comportementales sont quasiment ancrées dans la culture des citoyens américains ayant un bon niveau intellectuel. Dans la majorité des pays développés, ces mêmes techniques font partie des méthodes pédagogiques à l’école et des méthodes de gestion et de développement des employés dans les sociétés.

De quoi s’agit-il ?

De point de vue psychothérapique, il s’agit d’une méthode thérapeutique basée sur les théories scientifiques de l’apprentissage humain et du traitement de l’information par le cerveau. La découverte, au cours du siècle précédent, de ses théories par plusieurs chercheurs dont Pavlov, Skinner, Watson, Beck et Bandura a incité certains psychiatres et psychothérapeutes à développer des techniques et des programmes thérapeutiques permettant de traiter plusieurs troubles psychologiques.
Ces théories considèrent toute souffrance psychologique comme un comportement inadéquat par rapport à la situation vécue. Ce comportement serait acquis par la personne souffrante par simple apprentissage. Même si le comportement constitue le noyau central de la thérapie, cette dernière prend également en compte deux autres paramètres psychologiques importants. Il s’agit d’une part des pensées qui traduisent la façon avec laquelle la personne perçoit et interprète la situation vécue et d’autre part les émotions qui constituent un véritable carburant qui pousse et qui oriente le comportement. Afin d’illustrer tout ceci, prenant l’exemple simple d’une personne qui présente une insomnie occasionnelle depuis deux jours. Le plus souvent, cette personne va se tortiller dans son lit durant toute la nuit sans le quitter ni pouvoir s’endormir. Ici le cerveau apprend que la nuit est devenue un moment plutôt d’éveil (comportement problème). Durant les nuits suivantes, dés que cette personne s’apprête à dormir, ses pensées vont lui rappeler les nuits précédentes mal passées
et vont lui parler du risque de ne pas pouvoir dormir. Cet état inconfortable va provoquer chez cette personne de l’anxiété et de la tension corporelle, ce qui va favoriser l’état d’éveil et l’installation par conséquent d’une véritable insomnie.

Comment ça marche ?

Le style thérapeutique comportemental et cognitif est un style collaboratif au cours duquel, le patient et le thérapeute réalisent ensemble en un premier temps une analyse du problème psychologique (comportement problème), puis des hypothèses explicatives à cette souffrance et enfin un programme thérapeutique visant à résoudre ce problème et à soulager le patient. La méthode comportementale
et cognitive est très pragmatique, elle s’intéresse surtout à l’ici et maintenant et offre rapidement en quelques semaines des solutions permettant le plus souvent à la personne souffrante de se soulager et de se sentir plus efficace. Ainsi pour l’exemple de l’insomnie, le thérapeute apprendra au patient de prendre de la distance par rapport à ses pensées et à ses souvenirs gênants, à se relaxer pour faire face à l’anxiété et à la tension corporelle et enfin de mettre en place de nouvelles habitudes comportementales visant à faciliter l’endormissement.
L’adoption du style comportemental et cognitif dans la vie quotidienne permet non seulement de faire face à l’anxiété, aux soucis excessifs, à la panique, aux obsessions contraignantes, à la dépressivité, à l’inaction et aux comportements inutiles, mais il permet également d’acquérir une certaine paix avec soi-même, une meilleure estime pour soi-même et un gain de sérénité dans les interactions avec les autres. En effet, la TCC est très utile pour les personnes souhaitant améliorer leurs compétences sociales grâce aux techniques dites d’affirmation de soi. Il s’agit de techniques spécifiques de communication permettant d’interagir avec les autres de façon humble, ouverte, juste et efficace, respectant ainsi leurs droits et protégeant en même temps les besoins et les sentiments de la personne. Enfin, il serait utile de savoir également que la TCC propose des programmes bien structurés pour la gestion du stress quelle que soit son origine. Ainsi, elle peut aider à préparer un entretien d’embauche, à mieux s’intégrer dans un nouveau milieu professionnel et à mieux gérer le temps et les charges quotidiennes au travail, à mieux vivre la relation de couple et également à apaiser les angoisses internes et profondes qui peuvent toucher tout individu malgré l’absence de facteurs de stress apparents.

La TCC est-elle efficace ?

La TCC est une méthode qui a fait ses preuves scientifiques grâce aux innombrables études comparatives dont elle a fait l’objet et qui concluent à l’efficacité de cette méthode thérapeutique. La TCC est aujourd’hui indiquée dans quasiment toutes les souffrances psychologiques. Ses résultats sont rapides et souvent satisfaisants dans les phobies, le trouble panique, le trouble obsessionnel compulsif et les dépressions modérées. Dans ces indications, la TCC est aussi efficace que les médicaments psychotropes. Plus encore, elle serait plus efficace que les médicaments dans la prévention des récidives de ces troubles. Concernant certains troubles psychologiques plus compliqués tels que les troubles alimentaires (boulimie, anorexie), les addictions (alcoolisme, toxicomanie, jeu pathologique…) ou encore les troubles de la personnalité, la TCC nécessite un suivi plus prolongé avec des résultats qui dépendraient surtout du degré d’implication et de motivation du patient.

Comment ça se pratique ?

La thérapie peut se faire de façon individuelle (durée moyenne de 45 minutes/séance) comme elle peut s’organiser en groupe (durée moyenne de 120 minutes/séance). Dans ce dernier cas de figure, il s’agit d’un groupe de 8 à 12 patients qui présentent des comportements problèmes semblables. Dans cette organisation, les patients apprennent ensemble les techniques thérapeutiques que chacun essaie de les appliquer dans son propre environnement. Ils confrontent et s’échangent ensuite les expériences personnelles de chacun d’eux par rapport à cette application. L’esprit de groupe et de sympathie qui s’installe souvent entre les différents participants au cours de la thérapie de groupe apporte souvent des bénéfices supplémentaires par rapport à la thérapie entreprise en individuel.
Dans tous les cas, les bénéfices d’une TCC sont souvent appréciés par les patients
et le libre choix du type individuel ou de groupe pour chaque patient reste la règle respectée par le thérapeute.

DR. Ghanem AMARA

La Schizophrénie

La Schizophrénie

La schizophrénie est un trouble psychiatrique sévère et chronique qui touche entre
0,4% et 1% de la population mondiale.

Le patient schizophrène vit dans son monde qui est en marge de celui de la société, il perd la capacité de prendre des initiatives. Ses pensées, ses sentiments et ses gestes sont touchés par ce trouble : Il entend des voix qui le critiquent ou commentent ses actions comme il peut percevoir des objets ou des entités qui sont en réalité absents.

Typiquement, la personne souffrant de schizophrénie a l’impression d’être contrôlée par une force extérieure, de ne plus être maître de sa pensée ou d’être la cible d’un complot à la finalité mal circonscrite. Ce trouble retentit donc gravement sur la personne qui peut abandonner ses études, son travail et/ou même sa famille.

Souvent la personne qui en souffre n’a pas conscience de sa maladie ce qui rend difficile l’acceptation du diagnostic et le respect du suivi psychiatrique et de la prise médicamenteuse.

La schizophrénie touche aussi bien les hommes que les femmes, elle se manifeste habituellement au début de l’âge adulte, entre 15 et 25 ans chez les hommes et entre 21 et 27 ans chez les femmes.

Quels sont les symptômes de la schizophrénie ?

Nous parlons de schizophrénie si les manifestations suivantes sont présentes depuis au moins six mois:

  1. Désorganisation ou dissociation psychique

Le patient schizophrène a un discours illogique et difficile à suivre, il a du mal à communiquer à exprimer ses sentiments et à agir en conséquence. Il peut avoir de façon simultanée des sentiments contradictoires (tristesse et joie). Il peut sourire sans raison, avoir des rires immotivés et se comporter de façon bizarre ou absurde. Le malade perd le fil de ses idées, peut dire des phrases sans suite ou incompréhensibles et peut même inventer
des mots à sa guise (néologisme).

  1. Délire paranoïde et symptômes dits positifs ou productifs

La personne schizophrène voit, entend, sent ou ressent des choses qui n’existent pas pour ceux qui l’entourent et il n’est pas possible de la convaincre de son erreur. Elle s’imagine que la personne qui la regarde ou qui la croise dans la rue est là pour l’espionner. Elle peut se sentir surveillée, persécutée, en danger ou croire que la télévision lui envoie des messages. Elle est convaincue d’avoir le pouvoir d’influencer les événements dans le monde, d’être contrôlée par une force extérieure ou que d’autres individus peuvent lire dans ses pensées.

Souvent le patient schizophrène a une suspension de la parole, des expressions de peur ou de surprise, ou converse avec lui-même à haute voix. Le schizophrène a souvent peur d’exprimer ce qu’il vit. Il peut paraitre très angoissé et inquiet comme il peut être indifférent à tout ce qui
se passe.

  1. Symptômes dits négatifs ou déficitaires

Le schizophrène désinvesti sa réalité, il vit replié sur lui-même, il a des difficultés à raisonner, à parler et à agir, sa capacité de concentration, à maintenir son attention et sa mémoire sont affaiblis.

Le patient schizophrène exprime peu ses émotions, ne réagit presque plus ou carrément ne ressent plus ses émotions.

Le visage de la personne atteinte devient inexpressif, elle parle toujours sur le même ton, ses mouvements sont moins spontanés, ses gestes, moins démonstratifs.

Les manifestations que nous avons décrits ont des conséquences délétères et handicapantes sur la qualité de vie des personnes schizophrènes et affectent fortement leur entourage.

Quel est le traitement de la schizophrénie ?

Le traitement de la schizophrénie repose sur des médicaments appelés antipsychotiques et sur une prise en charge psychologique et une aide à la réintégration familiale et sociale.

Ce traitement vise à réduire et à faire disparaitre les signes de la maladie, à prévenir les rechutes et à améliorer la qualité de vie du schizophrène.

Les antipsychotiques ont permis d’entrer en contact avec des patients devenus inaccessibles en les rendant plus sociables. De nos jours il existe plusieurs types d’antipsychotiques qui se présentent soit sous formes de comprimés ou d’ampoules injectables, ces médicaments seront prescrits au long cours puisqu’il s’agit d’une maladie chronique.

Le traitement de la schizophrénie débute plus souvent en ambulatoire si l’entourage peut assurer les soins nécessaire, parfois il se fait en intrahospitalier. Les principales indications de l’hospitalisation sont : L’agitation et le risque accru de dangerosité ou le comportement inapproprié dont l’impossibilité de subvenir à des besoins élémentaires (propreté, nourriture..).

L’hospitalisation se fait dans un service de psychiatrie à la demande du malade ou le plus souvent sous contrainte (à la demande d’un parent proche ou du juge du tribunal de première instance); mais cette hospitalisation ne doit pas être trop longue vue le risque d’appauvrissement intellectuel et social du à l’éloignement du monde extérieur.

Outre le traitement médicamenteux qui est primordial pour la prise en charge du patient schizophrène, le médecin peut utiliser un ou plusieurs des moyens non médicamenteux suivants :

  • L’exercice physique régulier aurait un effet positif sur la santé physique et mentale des patients.

  • La psychoéducation de la famille et du patient sont utiles pour faciliter les interactions familiales, consolider la relation avec les services de soin et diminuer le handicap. Cette psychothérapie se base sur l’explication de la maladie, ses symptômes, ses complications et son génie évolutif, elle est basée sur l’écoute, la dédramatisation et la réassurance.

  • La remédiation cognitive est une technique qui s’apparente aux méthodes thérapeutiques rééducatives. Elle vise à agir sur des processus altérés, de manière à rendre les patients plus efficients dans la réalisation de certaines tâches. Cette intervention aide le patient, d’une part, à améliorer ses processus d’attention et de jugement et d’autre part à acquérir des compétences comportementales diverses particulièrement dans le secteur de la communication.

  • La thérapie familiale consiste à une intervention psychologique auprès de tous les membres de la famille intervenant dans la vie du patient (parents, fratrie). Elle vise à réduire le stress lié à l’expression émotionnelle familiale.

  • Les thérapies comportementales qui ont pour but d’améliorer le comportement social, les habiletés pratiques, l’autonomie et la communication interpersonnelle.

DR. Badii Amamou

La dépression

La Dépression

La dépression est un trouble psychiatrique très répondu dans le monde. Elle correspond à une souffrance psychologique qui se traduit par la prédominance d’émotions négatives tels que la tristesse, le dégout et/ou la colère. Cet état d’humeur négatif retentit considérablement sur les personnes souffrant de dépression, ces dernières deviennent peu entreprenantes, peu confiantes, toujours fatiguées et ont tendance à se renfermer sur elles-mêmes et à s’isoler.

Ce trouble concerne environ 15% de la population générale dans le monde, soit environ 340 millions d’individus de pars le monde. En Tunisie, le Ministère de santé publique estime que plus de 8,2% de la population tunisienne souffre de dépression.

Les statistiques montrent que les femmes développent deux fois plus de dépressions que les hommes et que leur trouble débute à un âge plus jeune que celui des hommes. Ces différences statistiques s’expliqueraient par deux facteurs essentiels : un facteur biologique correspondant aux particularités hormonales de la femme (cycles menstruels et grossesses) et un facteur psychologique correspondant à la capacité des femmes à exprimer leur vécu et leurs émotions de manière plus compétente que les hommes. Cette dernière particularité fait que les femmes aient recours plus facilement aux professionnels de la santé mentale alors que les hommes trainent beaucoup plus longtemps leur souffrance psychologique ce qui expliquerait leur tendance à fumer plus à faire plus fréquemment recours à l’alcool et également à être plus fréquemment l’objet d’accidents cardio-vasculaires ou de maladie métabolique.

La dépression peut survenir à tout âge depuis la naissance jusqu’à la mort, même si classiquement elle est considérée comme une maladie de l’adulte mur. Ces deux dernières décennies, nous assistons à une augmentation évidente de la prévalence de la dépression chez les jeunes et chez les adolescents. Par ailleurs, les personnes âgées des deux sexes peuvent également développer une dépression qui est dans ce cas marquée par les altérations cognitives (attention, mémoire et jugement) et l’évolution souvent traînante.

L’évolution de la dépression est le plus souvent favorable. Elle guérit, pourvu que l’intervention soit précoce et efficace. Ce qui suppose un recours aux soins dans les premières semaines du début du trouble et une rigueur dans le suivi et la prise des médicaments. Dans certains cas, l’évolution est compliquée quant elle entraîne une inhibition importante (complications de l’alitement prolongé), quant elle associe un potentiel suicidaire élevé (risque de suicide) ou encore quant elle évolue vers la chronicité (retentissement marqué sur la qualité de vie).

Le début de ce trouble est généralement progressif, il peut se manifester par une anxiété, une indifférence, une fatigue, une perte de l’appétit ou une insomnie.


Quels sont les symptômes de la dépression ?

Nous parlons de dépression si les manifestations suivantes sont présentes tous les jours pendant au moins deux semaines :


Une humeur dépressive

L’humeur globale du déprimé est marquée par un sentiment quasi-constant de tristesse, d’une réduction évidente des sentiments de plaisir, d’un certain dégoût de tout mais également de sentiments d’incapacité, d’impuissance ou même de culpabilité. Le déprimé se désintéresse de tout (travail, loisir et même de son entourage proche), se montre pessimiste et développe progressivement un désespoir de son présent et de son futur. En résumé, le déprimé a une vision négative de lui-même, du monde et de l’avenir.

Un ralentissement psychomoteur

La personne déprimée est constamment fatiguée : pour elle se laver, s’habiller ou même quitter son lit nécessite un effort considérable, elle parle peu, sa voix est basse et ses réponses sont courtes.

Pour le sujet déprimé tout effort de concentration ou d’attention ne peut être soutenu, ses souvenirs sont difficiles à mobiliser et ses oublis deviennent fréquents.

Un tel état explique l’indétermination, l’absence d’initiatives et la perte d’intérêt observées chez les malades déprimés.

Des troubles somatiques

Le sujet déprimé n’a plus envie de manger, il ne ressent plus la faim et il peut perdre beaucoup de poids. Le sommeil du déprimé est perturbé : soit il n’arrive plus à s’endormir, soit il se réveille au milieu de la nuit ou il se réveille très tôt le matin. La sexualité du déprimé est perturbée : son désir sexuel est diminué, ses performances sont amoindries et son plaisir sexuel est
souvent atténué.

La personne déprimée peut avoir des douleurs musculaires ou articulaires sous forme de maux de tête, de douleurs de la nuque ou de maux d’estomac; Elle peut se sentir nauséeuse ou constipée et avoir également des palpitations, des sueurs, des bouffées de chaleur ou encore un vertige dont les explorations ne révèlent pas de causes organiques. 

Des symptômes associés 

Les idées suicidaires s’associent souvent à la dépression et elles sont généralement passagères particulièrement quand la prise en charge est précoce. Quand le tableau dépressif est sévère, le sujet déprimé a non seulement des idées mais la conviction que seule la mort peut être une délivrance, une échappatoire pour lui-même et pour les autres qu’il fait souffrir ; Il développe alors un projet suicidaire. Cette situation constitue alors une urgence et nécessite une intervention rapide.

Avec la tristesse, le déprimé peut ressentir de l’anxiété associée qui se traduit par un sentiment de danger imminent, des réactions de sursauts, de déambulations incessantes et d’intolérance au moindre bruit.

Comment traiter la dépression ?

Il faut savoir qu’il existe essentiellement trois types de traitement pour la dépression:
Les antidépresseurs (médicaments), l’éléctro-convulsivo-thérapie et la psychothérapie.

Le traitement de première intention repose sur les antidépresseurs, le médecin tient compte dans sa prescription de l’âge du patient, de ses antécédents, du degré de gravité du tableau clinique et de l’urgence de traitement. Le sujet déprimé peut alors être hospitalisé dans un service de psychiatrie comme il peut gérer sa prise des médicaments chez lui en fonction
des cas.

La majorité des antidépresseurs sont des comprimés à prendre une fois par jour (plus rarement en 2 ou 3 prises), ils permettent un début d’amélioration après 15 à 20 jours et une rémission totale en moins de trois mois. Cependant, ces médicaments seront encore prescrits pendant 6 mois à un an après rémission afin d’éviter les rechutes et les récidives de la maladie. Dans ce dernier cas de figure où la dépression devient récurrente, l’antidépresseur devrait être maintenu pendant une période minimale de trois à cinq ans.

Avec les antidépresseurs la majorité des médecins prescrivent des anxiolytiques qui agissent sur l’anxiété et l’insomnie pendant les premières semaines du traitement.

Le médecin peut également prescrire dans certains cas d’autres médicaments appelés antipsychotiques, qui possèdent des effets anti-délirant, sédatif et régulateur de l’humeur.

Dans les formes graves de dépression (altération marquée de l’état général, potentiel suicidaire élevé, agitation anxieuse) la cure d’éléctro-convulsivo-thérapie devient le meilleur traitement à prescrire. Cette méthode, présentée souvent comme un moyen coercitif contre les patients, est une technique thérapeutique scientifique, bien testée et très efficace. Elle se déroule en salle de réanimation, sous anesthésie générale et vise à induire chez le patient une brève crise convulsive médicalement contrôlée. L’induction régulière de ces crises à un rythme de trois séances par semaine permet très souvent une amélioration puis une rémission rapide de l’état dépressif. Cette méthode permet ainsi de sauver les patients ayant des dépressions graves réputées pour leurs conséquences délétères et leur résistance aux antidépresseurs.

Avec les médicaments une psychothérapie peut être proposée au patient déprimé ; il peut s’agir d’une psychothérapie :

De soutien: basée sur l’écoute et la dédramatisation dont le but est de mieux faire comprendre au patient son trouble et son évolution.

Psychanalytique: basée sur l’écoute et l’analyse, dont le but est de mieux comprendre au patient les origines de son trouble.

Thérapie Cognitive et Comportementale : basée sur des exercices comportementaux et de remises en question du fonctionnement de la pensée, dont le but est de faire apprendre au patient comment gérer son trouble.

De nos jours, le meilleur traitement de la dépression serait l’association des antidépresseurs à la thérapie Comportementale et Cognitive.

DR. Badii Amamou

La gestion du stress

Le Stress et sa Gestion par la Thérapie Comportementale et Cognitive

Le stress : c’est quoi ?

Le stress est un mécanisme naturel qui permet à chaque individu de s’adapter à des contraintes de son environnement.

Devant une contrainte, l’individu analyse d’une part les exigences « quelles difficultés se présentent ? » et d’autre part ses ressources pour y faire face « quels moyens ai-je pour l’affronter ? » avant de se lancer dans sa résolution.

Si l’individu se sent capable d’y faire face, son stress favorise sa motivation, sa concentration et sa satisfaction ; on parle d’eustress (stress positif).

S’il se sent incapable, son stress provoque une inquiétude, des difficultés de concentration et une démotivation ; on parle de distress (stress négatif).

Quelles sont les signes du stress ?

Un individu soumis à un stress, peut manifester des symptômes de trois ordres :

  • Physiques : tension musculaire, douleurs, accélération des rythmes cardiaque et respiratoire, troubles de l’appétit et du transit, problèmes sexuels, troubles du sommeil…

  • Psychiques : incapacité à se relaxer, inquiétudes, ruminations, irritabilité, manque de concentration, trous de mémoire…

  • Comportementaux : hyperactivité, abus (tabac alcool, internet, jeux, télévision…), désorganisation, habitudes nerveuses (se ronger les ongles, s’arracher les sourcils…), problèmes relationnels…

Lors d’un distress prolongé l’individu peut présenter des pathologies somatiques d’évolution chronique voire invalidante. Il s’agit surtout de maladies cardio-vasculaires (hypertension artérielle, troubles du rythme, accidents vasculaires…), de maladies digestives (ulcères, gastrites, colopathies…), de troubles métaboliques (dyslipidémies, obésité…), de troubles sexuels ou encore d’affections liées à la perturbation du système immunitaires (lésions dermatologiques, rhumatisme…).

Il peut, également être à l’origine de troubles mentaux à type de dépression ou de troubles anxieux.

Quels sont les facteurs de stress ?

Plusieurs situations de la vie courante nous soumettent à un stress par moment aigüe et par d’autres chronique dont la gestion s’avère indispensable pour améliorer la qualité de vie et entretenir la bonne santé.

Parmi les facteurs de stress les plus récurrents figurent :

  • Le temps : une mauvaise répartition des activités avec manque de priorisation des tâches ou encore la tendance à reporter des tâches importantes peut être à l’origine d’une impression d’être débordé et submergé. Ceci induit une inquiétude permanente avec incapacité à profiter du moment présent.

  • La communication : elle constitue un facteur important de gestion des relations interhumaines aussi bien en milieu professionnel qu’en milieu familial. Une communication agressive ou encore passive provoque une grande frustration pour la personne et son entourage et sera à l’origine de conflits récurrents.

  • Le travail : bien qu’il réponde à plusieurs besoins primaires de l’individu, le travail peut constituer un facteur de stress majeur. L’harcèlement, les conflits, les mutations, l’absence de couverture sociale, les risques professionnels et l’inadéquation entre les attentes de l’employé et l’emploie sont autant de facteurs qui mettent l’employé sous pression permanente.

  • Les difficultés de santé : la découverte d’une maladie grave ou chronique, les troubles du sommeil ou encore les troubles sexuels constituent une rupture dans la vie d’une personne et peuvent altérer ses capacités fonctionnelles et son estime pour lui-même.

  • L’argent : devenu de nos jours une véritable obsession et une source quasi permanente d’inquiétude. Le fossé budgétaire entre les revenus de la personne et ses besoins grandissants (phénomène d’enchère sociale) entraîne un sentiment récurrent de frustration et d’insatisfaction.

Comment gérer le stress au quotidien ?

La gestion des facteurs de stress

Elle passe par une analyse individuelle des facteurs à l’origine d’un stress important ou durable. Des techniques psychothérapeutiques, valides et fiable, soutiennent l’individu dans sa démarche de gestion de ses facteurs ; il s’agit de : Techniques de gestion du temps – Techniques d’affirmation de soi – Technique de résolution de problèmes.

La gestion des signes du stress

Les symptômes physiques du stress peuvent être atténués par les techniques de relaxations telles que la relaxation progressive de Jacobson, la relaxation de Schultz et les techniques respiratoires ou encore par les techniques de méditation. Les troubles du sommeil et sexuels nécessitent une démarche psychothérapeutique structurée.

La gestion des symptômes psychiques du stress nécessitent la mise en évidence des pensées dysfonctionnelles stressantes afin de les rediscuter de les substituer par des pensées plus saines. Des techniques plus récentes de thérapie d’acceptation et d’engagement axent leur intervention sur les valeurs de l’individu afin de s’engager à agir activement en leur faveur.

Développer la résistance au stress

Il s’agit là d’un ensemble de comportements au quotidien qui favorisent notre bien être et nous rendent plus résistant face aux facteurs de stress.

Une alimentation saine, la pratique sportive régulière, le temps de repos suffisant, l’aménagement de plages horaires pour des activités « non productivistes » (lecture, théâtre, promenade, restaurant…), l’humour ou encore ne rien faire constituent des facteurs protecteurs pour notre organisme.

DR. Souheil Bannour